RECHERCHES SUR MOLIÈRE.                       79
un prêtre pour recevoir le« sacrements et envoya par plu­sieurs fois son valet et servante à Saint-Eustache, sa pa­roisse, lesquels s'adressèrent à MM. Lenfant et Lechat, deux prêtres habitués en ladite paroisse, qui refusèrent plusieurs fois de venir, ce qui obligea le sieur Jean Aubry d'y aller lui-même pour en faire venir, et de fait fit lever le uommé Paysant, aussi prêtre habitué audit lieu; et comme toutes ces allées et venues tardèrent plus d'une heure et demie, pendant lequel temps ledit feu Molière décéda, et ledit sieur Paysant arriva comme il venoit d'expirer; et comme ledit sieur Molière est décédé sans avoir reçu le sacrement de con­fession, dans un temps où il venoit de représenter la co­médie, M. le curé de Saint-Eustache lui refuse la sépulture, ce qui oblige la suppliante de vous présenter la présente requête pour lui être sur ce pourvu. » La requête ajoute que Molière « est mort dans le sentiment d'un bon chrétien, ainsi qu'il a témoigné en présence de deux dames reli­gieuses, demeurant en la même maison, d'un gentilhomme nommé M. Couthon, entre les bras de qui il est mort, et de plusieurs autres, personnes; et que M. Bernard, prêtre habi­tué en l'église Saint-Germain, lui a administré les sacrements à Pâques dernier. » L'abbé Bernard était le confesseur de la famille; c'était sans doute lui qui avait assisté Madeleine Bé-jard à ses derniers moments, et il est nommé dans l'inven­taire de Léonard de Loménie, comme prétre de Saint-Ger­main l'Auxerrois, « confesseur dudit défunt1. » Si Molière était mort sur la paroisse où il avait fait ses Pâques 'année précédente, ses obsèques n'auraient souffert aucune difficulté. Mais les prêtres de l'église de Saint-Eustache, située près de l'hotel de Bourgogne, se plaignaient depuis un siècle de leurs voisins les comédiens2 ; Molière enlevé subitement n'avait pu, comme Madeleine Béjand, appeler à temps un confesseur, et dicter, suivant l'usage, quelques dispositions expiatoires;
1.  Note du •tewnnent-û* 3LLIV-.
2.  Document n° VI, à la date du 6 novembre 1574.